On the road

Aujourd'hui c'est le départ pour notre périple au nord de la Guyane : direction Saint-Laurent du Maroni. Le soleil a décidé de nous accompagner.

En chemin, nous embarquons Christian et Cathy, les parents d'une amie de Daphné, qui nous rejoindra plus tard à Saint Laurent. La route est ensoleillée et joyeuse; nous pique-niquons à Crique Morpio. Par endroits la route est encore pleine d'eau, après le déluge du début de semaine.

Nous faisons une pause à Iracoubo, célèbre pour son église entièrement peinte par un ancien bagnard, dans un style naïf et fleuri. Avant d'entrer dans la ville, nous sommes passés devant un barage policier. Les autorités essaient ainsi de lutter contre l'immigration venue notamment du Surinam et du Guyana. La Guyane, petit bout de France dans l'Amérique du Sud, attire comme un aimant. A de nombreux voisins, elle inspire des rêves de vie meilleure : 160 000 habitants officiellement et presque le double avec les immigrés clandestins (qui arrivent aussi du Brésil par le Sud et l'Ouest). Ces mouvements migratoires ne sont pas bien sûr sans poser problème.

Plus tard, Saint-Laurent se dessine, nous fonçons au bagne...encore un ! Celui-là est bien entretenu, des visites guidées y étant organisées. Notre guide nous raconte le quotidien sordide des hommes et des femmes condamnés à la réclusion à St-Laurent. On voit au centre du bagne l'emplacement de la guillotine.
Cet ancien bagne bien entretenu ne véhicule pas autant le tragique que celui de l'Ile St-Joseph. Les pelouses tondues et la nature repoussée donnent un air de civilisation à ce lieu qui était avant tout celui de la déshumanisation.

Un rafraîchissement plus tard, nous partons avec Laure et Daphné à la découverte des rues de St-Laurent, qui recèlent encore de belles demeures de l'"ère pénitentiaire". La magnificence de la maison du directeur du bagne (aujourd'hui celle du sous-préfet ) contraste violemment avec les sinistres cellules du bagne.

Ce qui touche peut-être le plus ici, c'est le ponton sur le Maroni, où débarquaient les bagnards.
Il ne reste que quelques piliers de béton qui s'accrochent vaille que vaille au milieu du Maroni : immense, superbe, insolent. On imagine ces hommes et femmes depuis plusieurs jours sur ce fleuve puissant, et voyant arriver la terre avec la pire des angoisses. Débarquer pour quelle vie ?

          

Et quelle étrange silhouette que ce bateau anglais échoué depuis près d'un siècle au sein du fleuve: la nature encore une fois s'y est invitée.

Nous reprenons la voiture pour nous diriger vers le carbet où nous allons passer la nuit : Chez Carmen. Autant initier tout de suite à la notion de carbet, absolument indispensable pour un voyage réussi en Guyane ! Il s'agit originellement d'une "grande case édifiée pour plusieurs familles et construite avec des pieux et des feuillages". Et concrètement, ces grandes cases sont aujourd'hui utilisées par les voyageurs intrépides (si si il faut bien le dire :-), qui dorment en forêt.
Chez Carmen, nous ne sommes pas tout à fait dans la forêt, mais plutôt... dans son jardin !! Il faut commencer notre initiation à la nuit en hamac tranquillement :-)

Nous retrouvons là le reste de la troupe, et les 8 que nous sommes se réjouissent par avance du festin annoncé par la maîtresse des lieux. En ce vendredi saint, Carmen a préparé sa spécialité : le jamais-goûter... un poisson de la rivière dont Daphné nous a déjà vanté les chairs délicieuses. Le plat est rudement bon comme dirait Sharon Stone; le rhum à l'apéro a glissé comme il faut; on rigole bien... peut-être au grand dam des autres "passagers" du carbet qui attendaient sûrement une soirée plus calme !

Carbet chez Carmen

Bon allez, il est temps de se foutre au pieu (euh... au hamac) ! Demain, il faudra se lever tôt pour partir en excursion sur le Maroni avec le mari de Carmen.