Au carbet glander

Il peut être 8h30. Le soleil arrive juste dans mon dos et éclaire mes pieds au fond du hamac. En relevant légèrement la tête, les rayons viennent chauffer mon cou. Le hamac se balance légèrement. Cela siffle et bourdonne de tous côtés ; un « joyeux anniversaire » vient de résonner du carbet voisin et les plus matinaux ont déjà testé la fraîcheur de la rivière. Je crois que je vais émerger pour à mon tour profiter de l’eau limpide.

Quelle vie nocturne ! Cigales, singes hurleurs, moustiques et autres bestioles inconnues envahissent la nuit. C’est un peu Robinson ou la vie sauvage. Quel plaisir d’être au milieu de nulle part. Et pour un instant être un lézard. Les enfants du carbet d’à côté sont dans l’eau et rient à la moindre éclaboussure. Le père Li est avec nous, en pleine forme. Il grimpe en haut des arbres plus à l’aise qu’un ouistiti et nous gratifie d’extraordinaires cabrioles avant de disparaître dans l’eau. Nous marchons bientôt derrière lui, guide émérite d’une forêt qu’il connaît par cœur.

J’en retiens :
Bois-vache, liane-tortue, canari-macaque : arbranimal
Fromager : charcutarbre ;
tosopasa : arbrimage
bois-cathédrale : arbréglise

Le père Li est intarissable... (la preuve, 3h après, on y est encore ! et pendant ce temps-là, Laure s’est fait dévorer par les moustiques qui ont senti la chaire fraîche !). Nous finissons par avaler goulûment des ramboutans cueillis sur l’arbre dans une plantation.

L’après-midi nous nous prélassons.

Un morpho passe dans la crique. Alternance d’un bleu brillant éclatant sous le soleil et d’un noir profond quand se referment les ailes pour mieux battre. Il passe de part et d’autre de la rivère. Ballet ininterrompu et silencieux.

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