Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Par des détours sinueux
3 avril 2007

L'aventure est au bout du chemin...

aventure_au_bout_du_chemin
Pas très loin de ce chemin-là...

Quand on se lève pour de bon, Daphné et moi nous jetons un regard dubitatif : vraiment, nous allons parvenir à rallier les Iles du Salut malgré ce déluge ? Nous voyons déjà la mer démontée sur laquelle nous allons voguer (ou vomir… désolée, la vie n’est pas faite d’amour et d’eau fraîche). Malgré tout, nous nous préparons.

Daphné a mal dormi entre des pluies abondantes et des songes envahis par des voitures récalcitrantes. A 6h30, nous sommes dehors, prêtes à jouer les bricolos dans le capot. Et là, divine surprise… la voiture ne démarre plus, mais alors plus du tout, quels que soient l’excitation et les soins prodigués dans le ventre de la bête ! La batterie est tout simplement à plat. Nous appelons immédiatement les personnes que nous devions passer prendre et inventons une autre solution. : récupérer la voiture de A qui nous amène B ; partir chez C avec la voiture de B, dans laquelle se trouve B, E, et F ; arrivées chez C, prendre sa voiture (à C), embarquer C et D dans le périple, laissant E repartir avec la voiture de A. Au final, nous voilà B, C, D et F prêtes à partir pour Kourou où nous devons embarquer… Est-ce bien clair ?

C’était sans compter sur les insupportables bouchons qui encombrent les routes de Cayenne à l’heure de l’embauche… Goulots d’étranglement, voies en travaux, les habitants de Cayenne doivent supporter avec stoïcisme une circulation épouvantable. Nous restons coincées 20 à 30 minutes, et quand enfin nous sortons de la ville, il est 7h45, l’heure à laquelle nous étions attendues par le tour opérator…à Kourou, 1h plus loin.
Bon, eh bien c’est foutu, nous dit-on au téléphone. Aucune solution de secours n’est disponible, nous décidons donc d’improviser. La pluie pendant ce temps ne s’est jamais arrêtée. Un parc animalier se situe un peu plus loin sur notre route : ce sera notre 1er choix. Nous suivons la pancarte, roulons, roulons, ne trouvons plus de pancarte, arrivons à un embranchement… mystère !

Est-on censées deviner ? S’agit-il d’un jeu de pistes ? Demi-tour toute et nous essayons une nouvelle direction à une intersection ; étant en pleine savane, nous ne croisons personne pour nous renseigner, quand soudain à l’horizon se profile forme humaine sur un vélo. De loin, nous voyons surtout une grande cape en plastique jaune avancer sur le deux-roues. Arrivées à sa hauteur, nous demandons à l’homme où est le parc. Il réfléchit. Il connaît dans le coin le centre équestre et la ferme St-Jean, mais de parc animalier, point ! Nous demandons plus d’infos sur la ferme, sait-on jamais, il peut s’agir d’une autre appellation. Et voilà qu’il nous explique : « Ah oui, la ferme c'est un endroit où les animaux se réunissent régulièrement… » Pour se faire une bouffe ? Pour fêter des anniversaires ? Je vois déjà veaux, vaches, cochons, retrouvant leurs amis de la forêt : aras, jaguars, boas et autres tapirs autour d’un bon banquet.
Bref, malgré sa gentillesse, ce monsieur ne nous a pas réellement aidées ! Je remarque qu’il arborre un sourire doré comme deux autres personnes croisées hier. C’est une coutume saramaca semble-t-il : remplacer quelques incisives et molaires par des dents en or, et la bouche devient joyau d’orfèvre.

L’or fait partie des richesses du sous-sol de la Guyane … ou doit-on dire des calamités du sous-sol ? Les orpailleurs illégaux sont légion et Daphné me raconte qu’un garde-forestier a récemment été assassiné. Far west : on se bat pour l’or, on corrompt et se laisse corrompre, on tue, il n’y a pas de limite pour la conquête des pépites.
Une société canadienne, Cambior, s’apprête cependant à ouvrir la plus grande exploitation aurifère jamais vue en Guyane. Les effets sur l’environnement seront minimum, à tout le moins maîtrisés... d'après leur discours !! Espérons qu’ils ne déverseront pas autant de mercure dans les cours d’eau que le font les orpailleurs clandestins au fin fond de la forêt : les populations du fleuve finissent par manger des poissons-poisons, les arbres ont désormais des thermomètres intégrés…
En tout cas, tout réglementé qu'il soit, le projet de Cambior ne peut être à risque zéro. Les défenseurs de l'environnement se mobilisent.

Après les explications du cycliste-rêveur, nous décidons de lâcher l’affaire, le parc n’est-il qu’un mythe ? Nous poursuivons sur Kourou. C’est jour de marché. Malgré les cieux bien bas et la pluie qui décolore, nous voyons ici toutes les nuances de l’arc en ciel et plus encore : une palette de peintre, plutôt tendance nabi. Festival de jaunes, rouges et verts, d’odeurs d’épices, ce petit marché éveille les sens engourdis par les trombes d’eau. Nous rencontrons plusieurs marchands Hmong, des Laotiens installés en Guyane dans les années 70 : sans Hmong, pas de fruits et légumes sur les marchés de Guyane.

dame_hmong_au_march__de_kourou
Une belle dame Hmong

Direction ensuite la plage, tandis que sous nos K-ways et coupe-vent, nous suons sang et eau. Ah le dilemme est cruel : être trempé par sa transpiration sous un bout de plastique ou être trempé par la pluie qui nous assaille ? A tout prendre, je préfère l’option naturelle, mais pour le bien de mon appareil photo, je me recouvre histoire de le protéger.
Nous arrivons face à une grande étendue de sable, légèrement incurvée et bordée de palmiers. La plage de Kourou a tout d’une reine. Bon… la mer pourrait être plus bleue, mais aujourd’hui, vu la couleur du temps, ciel et mer se marient à merveille, camaïeu de gris et de châtaigne (comment imaginer alors que bientôt je verrai Kourou sous un ciel  clair et dégagé, par un matin calme, le pantalon plein de bave de chien ?).

Pour l’instant, je suis encore sous la pluie et j’escalade nus pieds quelques rochers posés là dont j’ai bien estimé le potentiel glissant. 5 minutes après, je tombe. C’est d’un classique…
Nous finissons notre balade au moment où nos os commencent eux aussi à s’humidifier !

kourou_gris_chata_gne
Plage de Kourou, ambiance gris-chataîgne

Retour sur Cayenne où Daphné nous attend. Elle a frôlé la crise de nerfs avec Maxo, qui a mis 5h à venir. Titine est partie avec lui ; à nous la maginifique C3 de location !
Nous allons faire un tour en ville, histoire que je découvre les coins emblématiques de la prequ’île de Cayenne : place des Palmistes, avenue de Gaulle, pointe du Buzaret… La ville avec son plan en damier est facilement explorable. De belles maisons créoles colorées jouxtent parfois des taudis sur le point de s’effondrer. Contrastée Guyane, où se côtoient les contraires, les dissemblants, sans transition.

It’s soon time to sleep.

Adage du jour : il est toujours mieux d’avoir une voiture qui roule qu’une voiture en panne ;-)

Nous avions mis le réveil à 6h pour partir en balade et finalement nous avons eu droit à un autre réveil bien plus matinal celui-là, et très naturel quant à sa nature… Encore et toujours la pluie ! Un vacarme de tous les diables dès 4h30 – 5h ; un raffut à réveiller les morts (dans les rues, les zombies dansent !).
Publicité
Publicité
Commentaires
Par des détours sinueux
Publicité
Archives
Publicité