La société des suspects

A l’aéroport en partant pour Chicago, j’ai bien cru être enregistrée sur la liste des persona non grata aux US. Je me suis réellement retenue de ne pas faire un scandale face à un douanier qui m’a confisqué mon dentifrice…à mon 2e contrôle (parce que 1 ne suffit pas). Et pourquoi s’adressait-il aux gens comme à des chiens ?
La lutte contre le terrorisme prend des dimensions ahurissantes, et la vie privée de l’individu passe à la trappe. Bienvenue dans la « société des suspects »…

Aux Etats-Unis, ce phénomène me semble extrêmement marqué : non seulement, on ne cesse de vous bombarder de message sur les colis et comportements suspects dans les aéroports, les gares et même dans les rames du métro (où la police diffuse des messages audio), mais partout dans la rue, on vous invite à la dénonciation.

A Newark, des affiches montrent un aigle au regard perçant : « Call if you see suspicious activities ». Et si je cours dans l’aéroport parce que je suis en retard, suis-je suspecte ? Si je prends des photos de bâtiments officiels ou de monuments historiques dans les rues de NY? Si je m’arrête des heures durant à une terrasse de café en observant les allées venues et en écrivant sur un cahier ?