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Par des détours sinueux
16 octobre 2006

Roosevelt Island

arriv_e_du_t_l_ph

16h. Au hasard d’une errance substantielle (adjectif qui ne sert à rien, mais qui s’entend bien avec errance), j’ai attrapé le téléphérique qui mène à Roosevelt Island. Et me voilà en trois minutes hors-la-ville. D’une île à une autre, on change d’univers. Une promenade semée de cerisiers épouse le contour ouest de Roosevelt Island. Pour un moment, profitons d’un banc.

balade_de_roosevelt

Quelle atmosphère indéfinissable. Sur ce chemin où les mouettes viennent piailler se trouvent de nombreuses chaises roulantes, un papillon passe virevoltant orange et noir. Dans la partie sud de cette île minuscule, je vois qu’un hôpital a élu domicile. Et ces gens, parfois très jeunes, dans leurs chaises roulantes, ont les yeux rivés sur l’île aînée, Manhattan. Ici ne s’entend plus que le bruit du vent dans les feuilles, tandis qu’en face ils devinent l’agitation, la vie battant son plein. Dans ce dialogue des deux îles, ils restent muets et semble-t-il perdants : quand à tout on préférerait la fureur.

sutton_place                          trafic

pont_de_RI2

16h45. Face à Roosevelt Island, Sutton Place.
Dans le téléphérique du retour, je me retrouve avec des juifs orthodoxes ; ils doivent être nombreux à habiter Roosevelt Island, car à l’aller je les avais déjà remarqués. Mais ceux que je croise ici ont une touche un peu « magique ». Ils semblent tout droit sortir d’un autre âge. Outre les bouclettes et la kippa (ou le chapeau), l’un des hommes porte un manteau dans une sorte de satin noir couvert de motifs géométriques. Le manteau s’arrête au genou. L’homme a soigneusement attaché sa ceinture. Je me demande réellement ce qu’il porte sous ce manteau. On distingue bien une chemise blanche qui lui enserre le cou, mais en ce qui concerne le bas, le mystère est entier ! En effet, sous le manteau de satin, seule une paire de grandes chaussettes blanches émerge, « terminée » par des souliers noirs. Pour tout dire, cela me donne l’impression qu’il est en peignoir et qu’il sort à peine de sa salle de bain. Quand j’entends l’homme s’adresser à une vieille femme, portant un foulard sur la tête, je reconnais quelques mots à consonance allemande. Je suppose qu’ils parlent yiddish. Quelle incroyable persistance des traditions dans cette communauté, quelle force de l’identité.
Que ces gens croisés là habitent Roosevelt Island n’est finalement pas surprenant. Le calme et l’isolement relatif de l’île ne leur permettent-ils pas de vivre dans un monde qui leur appartient ?

After night falls :
- des odeurs de bois détrempé
- un enfant haut comme trois pommes, courant pieds nus, perdant son pantalon dévoilant sa couche, trébuchant, riant
- le hall du Waldorf Astoria a une moquette si épaisse qu’on s’y enfonce comme dans du sable, du gazon pas tondu depuis deux semaines
- la fatigue me saisit même après un pain raisin-cannelle

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