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Par des détours sinueux
13 octobre 2006

New York Public Library

Place 313

NY_Public_Library

Quel calme règne ici. A-t-on déjà mieux senti le parfum de l'esprit ? Je pense soudain que je n'ai jamais mis les pieds à la bibliothèque Ste Geneviève.
Cela change de l'accueil au café ce matin, une sorte de fureur organisée avec des "next" fusant toutes les 5 secondes, des nuages de mains qui s'échangent des cafés, des bagels, des muffins et des sacs en carton, des serveurs en pleine chorégraphie à tel point que l'on ne sait plus à qui s'adresser. On dirait un spectacle de magie avec des tours de passe-passe : si tu n'es pas capable de dire quel serveur a dans ses mains le sac contenant ce que tu as commandé... perdu ! Tu peux rejouer.

Revenons à notre bibliothèque, à la grandeur de laquelle les Astor ont beaucoup contribué... et tant d'autres d'ailleurs. Comme au MoMA, chaque pièce est au nom de son bienfaiteur. Donner anonymement, c'est quand même trop bête (je me sens d'humeur railleuse aujourd'hui, c'est parce que le soleil nous a quittés). La force d'un tel endroit est que la notion d'effort intellectuel semble s'estomper au profit du seul plaisir. Le cerveau est à son affaire. Il jouit avec délectation de l'environnement propice et des lectures délicieuses, devient tentaculaire, nous n'avons plus de corps.

Cet homme face à moi. La quarantaine grisonnante, petites lunettes rondes et chemise grise élégante à manches longues, parfaitement assortie à sa chevelure, gageons à son attitude qu'il est en plein Shakespeare....ohlalala !! quelle déception ! Je viens de voir le titre de son livre. Moi qui fantasmais déjà sur cet homme consacrant son mercredi après-midi à la littérature, à l'élévation de l'esprit... Au final donc, il lit une somme intitulée "Hedge funds". Nous ne sommes décidément pas à New York pour rien. Le voilà maintenant qui gratte sur du papier; sûrement prépare-t-il ses stratégies pour rendre ses clients plus riches. Ave God Money !

Enfin, n'est-ce pas rassurant lorsque l'on se retrouve épuisé, marchant dans les rues de Manhattan (et lorsque l'on n'est pas obligé de participer au défi des pelouses, compte tenu des conditions atmosphériques), de savoir qu'une place nous attend au milieu des livres ? Une simple porte à franchir, quelques escaliers à monter, Hallelujah ! Le temple de la connaissance nous accueille à bras ouverts.

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